Itv Eric Raoult 31/05
Montfermeil, Clichy-sous-Bois: ces villes de Seine-saint-Denis étaient au coeur de l'actualité, en novembre dernier. Les émeutes de banlieues avaient démarré là, les images les plus fortes de ces trois semaines de désordres provenaient de là.
Depuis deux jours maintenant, dans ces mêmes lieux, les mêmes désordres sont constatées. Une arrestation qui se passe mal, la police prise à partie et deux nuits de suite, des groupes très mobiles qui cassent, brûlent, provoquent. Allons-nous revivre ce que nous avons déjà vécu il y a sept mois?
Cette question a motivé l'invitation, lancée hier, à Eric Raoult, député UMP de Seine-saint-Denis, pour qu'il soit l'invité de RTL, ce matin, à 7h50. Y a-t-il répondu?
Dans son propos, à l'antenne, on a d'abord senti l'inquiétude, alimentée par un autre sentiment, lui aussi perceptible, celui d'une certaine impuissance.
La politique de la ville, la rénovation urbaine, ce ne sont pas des opérations qui se font d'un claquement de doigt, a-t-il dit en substance. C'est vrai, bien sûr. Mais derrière la banalité apparente du constat, se nichent des conséquences qu'il est utile d'avoir à l'esprit.
Puisque rien de durable ne peut être fait rapidement, qu'il y faut du temps et de la persévérance, ce dont s'accommode rarement la politique, alors la seule réponse possible, c'est l'ordre, et pour appeler un chat un chat, la répression des faits délictueux.
La République est-elle capable, aujourd'hui, de produire et d'assumer une telle réponse? Pas sûr. Eric Raoult a dit assez justement la fatigue de ces policiers, gendarmes, CRS, sollicités comme ils l'ont été rarement durant ces dernières mois. A la crise des banlieues de l'hiver s'est ajoutée celle du CPE ce printemps. De nouveaux désordres pourraient mettre en lumière les faiblesses jusqu'ici mal perçues, ou habilement camouflées, de la panoplie utilisée par le ministère de l'Intérieur.
En outre, des arrestations massives, comme il s'en est produit au mois de novembre, remettraient en scène le fossé qui a déjà séparé la police de la justice. On a peu entendu, dans le fracas de cette actualité angoissante, ces commissaires qui se plaignaient des faibles sanctions infligées aux émeutiers, comme on a peu relevé ces propos de magistrats qui disaient qu'il est difficile de condamner des gens ramassés à la hâte et par fournées, présentés ensuite devant la justice sans véritables preuves ni certitudes.
Enfin, plus profondément, les pouvoirs publics ont géré les émeutes de novembre en faisant semblant d'avoir des réponses. Accélérons la politique de rénovation urbaine, ouvrons à nouveau le robinet des crédits au profit des associations de quartiers - hâtivement et sans doute imprudemment réduit par les gouvernements précédents -, décrétons des mesures telles que l'apprentissage dès 14 ans ou bien encore la promotion des minorités visibles dans les institutions: tel était le discours de l'époque.
S'il était à nouveau confronté à des désordres important en banlieue, le gouvernement serait très démuni et l'absence, alors, de réponse politique accroitrait encore la charge d'angoisse diffusée par les émeutes.
C'est sans doute en ayant tout cela en tête qu'il faut évoquer les propos d'Eric Raoult, sur RTL, à propos de l'opposition. Sans être vraiment précis, donc convaincant, le député de Seine-saint-Denis a souhaité que l'opposition ne pratique pas de double langage sur cette actualité et qu'elle fasse preuve, au contraire de responsabilité, ajoutant qu'en cas de victoire lors des prochaines élections, la gauche serait, comme la droite l'est aujourd'hui, confrontée à cette difficile réalité des banlieues.
A sa manière, Eric Raoult a bien exposé le sentiment général d'une certaine impuissance publique face à la situation. Un constat qui ne remontera le moral de personne et qui pésera sans doute sur le déroulement de la prochaine campagne électorale.
Photo AFP Stéphane de Sakutin |
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