Question au Premier Ministre sur les violences urbaines et réponse du Premier Ministre
| VIOLENCES EN SEINE-SAINT-DENIS M. Eric Raoult - Monsieur le Premier ministre, vous avez rencontré hier soir, avec le ministre de l'intérieur, les parents des jeunes Zyed et Bouna, de Clichy-sous-Bois. Avec tact et émotion, vous avez tous deux partagé la douleur des familles de ces deux adolescents « bien » morts accidentellement, morts pour rien. Dans ce même département, à Epinay-sur-Seine, un technicien a été frappé à mort devant sa femme et son enfant. Ces derniers aussi ont été reçus place Beauvau. Notre émotion et notre indignation sont les mêmes : elles ne sont pas à géométrie variable selon l'origine ! La Seine-Saint-Denis, ce département populaire, refuse d'être caricaturisé comme une poudrière. Brûler une voiture n'est pas un jeu, c'est un crime. Incendier les voitures des postiers, caillasser les pompiers, ce n'est pas un jeu, c'est un grave danger. Lancer une grenade dans un lieu de culte, c'est une indignité. Ces événements ne doivent à aucun prix se banaliser. Nos quartiers ne veulent pas être sous la coupe d'une minorité de hors-la-loi, qui refusent que l'on pénètre dans leurs zones de non-droit. Pour retrouver l'apaisement, il faut maintenant agir dans trois directions : restaurer le dialogue entre les policiers et les adolescents ; garantir le respect dû aux autorités, aux familles, aux cités, pauvres mais fières ; réaffirmer la responsabilité de toute une société qui doit assumer ses quartiers, mais aussi de ses dirigeants qui ne peuvent s'exonérer de la lenteur de leur action, ni de leurs échecs dans des banlieues souvent issues des années Mitterrand. Ces violences, ce n'est pas une révolution, mais de l'autodestruction. Les gens des cités réclament la dignité et la sécurité, comme les autres, ni plus, ni moins. Ce week-end, la France entière a regardé Clichy-sous-Bois s'embraser, mais aujourd'hui, tous les quartiers veulent vous écouter, Monsieur le Premier ministre : comment peuvent-ils garder confiance dans la République ?
REPONSE DU PREMIER MINISTRE
M. Dominique de Villepin, Premier ministre - Au cours des événements de ces derniers jours, deux enfants sont morts et un père de famille a été lâchement assassiné. Aussi permettez-moi tout d'abord d'avoir une pensée pour leurs familles et leurs amis. Le Gouvernement et la représentation nationale pensent à eux, car il n'y a qu'un territoire national, sur lequel les lois de la République s'appliquent. Il n'y a que des Français égaux en droits, qui aspirent tous à la sécurité et à la justice. Oui, les violences dans les quartiers sont un défi pour nous tous. Cela fait des années que les habitants de certains quartiers urbains sont confrontés aux incivilités, aux dégradations, aux voitures brûlées... ...mais aussi à des actes plus graves tels que le racket sur les mineurs, les violences faites aux femmes ou aux personnes âgées, ou les trafics de drogues. Je veux conduire notre action avec volonté et humanité, avec détermination et discernement. Évitons de stigmatiser des quartiers auxquels leurs habitants sont attachés. Traitons différemment la petite délinquance et la grande criminalité. Luttons avec fermeté contre toutes les discriminations. Prévenons tout amalgame entre une minorité qui sème le désordre et l'immense majorité des jeunes qui souhaite s'intégrer dans la société et réussir sa vie. Le Gouvernement tout entier est à la tâche avec une priorité immédiate : rétablir l'ordre public. Les incendies volontaires et les affrontements sont inacceptables et seront sanctionnés comme il se doit. Le Président de la République l'a rappelé ce matin, il ne peut pas y avoir de zone de non-droit en France. Nicolas Sarkozy a pris les mesures nécessaires, et je sais que je peux compter sur lui. Par ailleurs, l'ensemble du Gouvernement agit pour faire de l'égalité des chances une réalité dans notre pays. Cela passe en premier lieu par la prévention des violences. Etat, collectivités locales, associations, doivent unir leurs forces et leurs compétences autour des maires. Un projet de loi sera élaboré sous ma coordination dans les prochaines semaines. Cela passe aussi par des logements plus décents et le programme de rénovation urbaine de Jean-Louis Borloo changera durablement les conditions de vie dans les quartiers. Cela passe surtout par des emplois pour tous. Des jeunes qui ne savent pas comment obtenir un emploi, un stage ou une formation, sont sans espoir et doutent de notre société. C'est à eux que je veux répondre avec le plan d'urgence pour l'emploi. L'accompagnement personnalisé par les services de l'ANPE, le dispositif « défense deuxième chance », les contrats d'accompagnement vers l'emploi leur sont destinés. Ce matin, avec les ministres concernés, nous avons étudié les mesures d'urgence, en particulier pour l'emploi des jeunes en Seine-Saint-Denis et, s'agissant de l'éducation, le Gouvernement adoptera un plan d'action avant la fin de ce mois. De la fermeté, de la justice, telle est la ligne du Gouvernement qui est entièrement mobilisé. C'est pour cette raison que j'ai informé le premier ministre canadien et le premier ministre du Québec du report de ma visite. |