Eric RAOULT sur RTL Matin

Publié le par Eric RAOULT

   RTL Matin Le 7-8

 Le script de l’interview de 7 h 50

 Lundi 31 octobre 2005

  Richard ARZT : Bonjour, Eric Raoult

 Eric Raoult : Bonjour Richard Arzt

 Richard Arzt : vous êtes donc le député de cette circonscription où se trouve Clichy sous Bois. Toutes sortes de rumeurs, on le voit bien depuis plusieurs jours et nuits alimentent les violences. Ces grenades lacrymogènes qui auraient été envoyées dans une mosquée. Vous avez des informations là-dessus ?

 Eric Raoult :  mon suppléant était sur place hier. Il semblerait que ce soit plutôt une grenade à poivre et que ce soit une véritable provocation; les policiers sont sur place; je peux vous assurer qu'ils font un travail qui n'est pas facile; ils ont parfois le même âge que les jeunes qui sont en face; ils vivent dans le même département et ça il faut pas l'oublier. Aujourd'hui on n'est pas face à une crise entre la police et la jeunesse, on est maintenant dans un phénomène d'émeutes urbaines; il y a des hors la loi qui veulent garder des zones de non- droit.

 Richard Arzt : Et c'est eux qui auraient fait la provocation en question ?

 Eric Raoult : Je pense que oui mais ça l'enquête le dira et la communauté musulmane d'ailleurs a demandé des explications et a rencontré le préfet hier soir.   

Richard Arzt :  Et sur les deux jeunes morts électrocutés, vous pensez que maintenant on voit à peu près ce qui s'est passé ?

 Eric Raoult : Ecoutez c'est quelque chose de terrible. Mais ça aurait pu se passer dans une autre commune et il n'y aurait pas eu la même explosion de violence. Il y a eu à Epinay le même problème entre guillemets, de violence quotidienne....

 Richard Arzt : Vous voulez dire la mort de cet homme qui...  

Eric Raoult :  de Jean Claude Irvoas qui est un technicien qui prenait en photos des réverbères.  Mais les informations qu'on peut avoir : quand il est arrivé, on a voulu le taxer de son appareil photographique. Est-ce que l'on peut accepter que dans un certain nombre de lieux de notre territoire, la République ne soit plus, je dirais, une réalité. Je crois qu'aujourd'hui Nicolas Sarkozy a eu raison de souligner qu'on ne peut pas tolérer cela, parce que...

 Richard Arzt : Vous êtes d'accord avec tolérance zéro ?

 Eric Raoult : Oui

 Richard Arzt : C'est ce qu'il faut dire ?

 Eric Raoult : C'est ce qu'il faut dire, parce que il y a 1% de jeunes qui font la loi et il y a 99% de gens qui regardent leur voiture brûler. Je veux dire comme le ministre de l'intérieur l'a souligné que ces personnes ont le droit de vivre, en toute sécurité, et quand l'occurrence brûler la voiture de son voisin, ou de son cousin, ce n’est pas une banalité, c'est un crime.

 Richard Arzt : Mais enfin se proposer de faire régner la loi dans ces quartiers, la tolérance zéro, c'est pas un peu mission impossible actuellement ?

 Eric Raoult : Non, parce que ça c'était calmé. Clichy sous Bois est une ville où il y a eu beaucoup de moyens dépensés, comme sur Montfermeil. Mes amis Xavier Lemoine, Ludovic Toro aussi le maire socialiste de Clichy sous Bois le savent. Tous les ministres de la ville sont venus. Il faut du Borloo pour rénover les cités mais il faut aussi du Sarko pour ramener la sécurité.

 Richard Arzt :  Il y a 10 ans dans le gouvernement Juppé, vous étiez vous-même ministre de la ville et de l'intégration. A l'époque, est-ce qu'au fond il y avait le même malaise qui n'aurait fait que s'amplifier depuis. Qu'est-ce qui s'est passé ?

 Eric Raoult : tous les ministres de la ville ont eu ce genre de drame, qui est du, en grande partie à une absence de dialogue entre la police et la jeunesse. "Brahim" est sur son vélomoteur, il se sent suivi par des policiers ou il y a un contrôle d'identité et il y a un drame ; et à ce moment là on montre du doigt la police nationale. Vous savez je crois qu' être flic dans une cité c'est pas évident. Ce n'est pas évident pour son fils à l'école. Ce n'est pas évident pour sa femme au supermarché. Il ne faut pas oublier cette réalité là. On ne peut pas dire que la police doit sortir des cités et après leur dire de récupérer les dealers. Je crains qu'actuellement il y ait une sorte de bras de fer entre l’autorité, entre l'état, et tous ceux qui veulent considérer que ces lieux là sont à eux. "Tire toi, t'es pas chez toi". C'est parfois ce que l'on entend à l'intérieur d'un certain nombre de cités. On ne peut  l'accepter.

Richard Arzt : Vous parleriez, vous, de racaille, de nettoyer au karcher, des choses comme ça....

 Eric Raoult : Vous savez Nicolas Sarkozy a parlé comme les gens. C'est un dirigeant qui parle comme les gens. C'est à dire que ce sont des mots qu'on utilise. On ne fait pas de rapport de sociologie dans un quartier à Montfermeil ou à Clichy sous Bois. Donc le mot qui a été utilisé a pu choquer mais ce sont les mots qu'on entend dans les Cités, et le propre d'un homme politique ce n'est pas de répéter ce qu'il entend mais de se mettre au niveau de ceux dont il est chargé de traiter les problèmes.

 Richard Arzt : Le Sarkozysme ça marche ?

 Eric Raoult : En tout cas on a vu et je voudrais le rappeler à Monsieur Strauss Kahn que le socialisme ça ne marchait pas ; parce que nous avons connu Mantes la Jolie et Vaulx en Velin. Là en fait on a un peu les relents des années Mitterrand et ça on veut l'oublier.

 Richard Arzt : Est-ce que l'idée de Nicolas Sarkozy de faire voter aux municipales les étrangers établis en France depuis plus de 10 ans ça vous semble une solution qui peut aller vers l'apaisement ?

 Eric Raoult : Je ne pense pas, je pense que Nicolas Sarkozy qui écoute, n'a pas du entendre que c'était une priorité à l'intérieur des quartiers. D'abord parce que beaucoup de jeunes votent déjà. Et ensuite parce que les exemples qui sont ceux d'un certain nombre d'autres pays européens ont montré qu'il y avait, soit beaucoup d'abstentionnisme, soit que les clivages politiques étaient ceux du pays d'origine et pas ceux du pays d'accueil.  Donc, là je crois que je serais tenté de proposer à Nicolas qu'on fasse une convention sur ce problème et puis que....

 Richard Arzt : Pour le régler une bonne fois

 Eric Raoult : Pour le régler une bonne fois et puis pour voir aussi, ce qui a pu marcher dans d'autres pays. En Grande Bretagne c'est d'abord parce qu'il y a des élus pakistanais, indiens et antillais dans les deux grands partis politiques que l'on peut avoir une véritable représentativité des minorités. Mais je ne pense pas que le droit de vote des étrangers soit aujourd'hui une priorité.

 Richard Arzt : Et la loi SRU - solidarité et renouvellement urbain -  qui exige que les communes aient au moins 20% de logements à loyers modérés, vous êtes contre, vous en êtes où de votre combat en un mot, là-dessus ?

 Eric Raoult : Je ne suis pas contre, je dis qu'il faut que l'on puisse revaloriser l'image des HLM et je pense que les événements de Clichy sous Bois viennent de le montrer. Je pense qu'il faut permettre à chaque commune d'avoir son rythme et puis je pense aussi qu'il faut dire, et c'est peut être casser un tabou, quand on accueille toute la misère du monde à Clichy sous Bois, quand on peut offrir à Paris que des taudis, quand on ne peut offrir aux  jeunes  que des ghettos, soyons prudents. Quand on régularise des sans-papiers, et bien ils vont vivre à Clichy sous Bois.

 Richard Arzt : Et donc ça devient une zone hors contrôle ?

 Eric Raoult : Je crois qu'il faut bien voir - tous ceux qui parlent de l'immigration doivent voir qu'il faut vivre l'immigration et si on veut éviter qu'il y ait d'autres drames, des petits Banou et des petits Ziad, il faut en prendre conscience également

 Richard Arzt : Merci Eric Raoult. Je rappelle que vous êtes le député en Seine Saint Denis de la circonscription où se trouve Clichy sous Bois.  

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F
Je cite koz:<br /> <br /> "bravo pour cette interview, légitimée de surcroît par votre propre expérience municipale."<br /> <br /> Expérience de député pourquoi pas puisqu'effectivement sa circonscription inclue des communes "difficiles", muncipale par contre il ne faut pas exagérer ! <br /> <br /> Le Raincy ce n'est quand même pas vraiment la référence niveau banlieue "chaude" et je ne pense pas que cela l'ai été un jour :) <br /> <br /> Ca me rappelle l'époque où Eric Raoult était ministre et que je l'entendais de ma lointaine province parler de son expérience difficile de maire de banlieue sans me rendre bien compte de quelle ville il pouvait parler. <br /> <br /> Puis quelques années après ma "montée" à Paris j'ai découvert le Raincy... Je vous laisse imaginer ma suprise en découvrant ses pavillons proprets, sa bourgeoisie bon teint, et ses prix immobiliers quasi-parisiens. Bref, pas vraiment une banlieue "chaude" même si effectivement elle les cotoie de bien pret...<br /> <br />
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H
Bonjour Corinne,<br /> <br /> Bienvenue dans le blogosphère!<br /> <br /> Pour être franc, je suis anti-sarkozyste et je n'ai pas l'habitude de poster des commentaires "brosse à reluire"...<br /> <br /> Mais BRAVO pour votre transparence avec ce compteur de visites.<br /> <br /> Bon blog,<br /> <br /> @+<br /> <br /> Helder, blagueur & blogueur...
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K
Et surtout, bravo pour cette interview, légitimée de surcroît par votre propre expérience municipale.
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A
Bravo pour votre blog, je l'ai indiqué par un lien sur le mien. Bien à vous,
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B
La politique Sarkozy est valable,il n'est plus possible de laisser des villes infranchissables par les forces de l'ordre.
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